La tour Saint-Nicolas (xive siècle) est, avec la tour de la Chaîne et la tour de la Lanterne, l'une des trois tours du front de mer de La Rochelle, et l'une des deux tours emblématiques duVieux-Port, dont elle constitue la majestueuse porte d'entrée. Elle a assuré pendant cinq siècles la défense de la passe et a servi de point d’attache à la chaîne, tendue depuis l’autre rive, et qui servait à interdire l'accès du port. Elle a été classée monument historique en 1879.
Destinée à défendre la passe du Port, la tour héberge son premier capitaine ainsi que les soldats préposés à sa garde en 1384. En 1394, un budget est prévu pour l’ameublement de chacune des tours de la Chaîne, et le13 avril 1398, il est fait obligation aux capitaines des tours d’habiter ces ouvrages avec leur famille. Le capitaine est nommé tous les ans par le maire de la ville et prête serment de ne jamais quitter la tour durant l’année où il en a la charge. Il est le représentant du roi et le chef des armées de la ville. Sa fonction consiste à surveiller le trafic du port, et à s’assurer du paiement des taxes.
Quelques années après la tour Saint-Nicolas, la tour de la Chaîne est édifiée sur l’autre rive. Elle est ainsi nommée en raison du fait qu’elle a pour fonction de tendre la chaîne fixée dans la tour Saint-Nicolas et fermant l’accès au port. Les deux tours deviennent emblématiques du Vieux-Port de La Rochelle, dont elles constituent la majestueuse porte d’entrée.
À l'origine, la tour Saint-Nicolas était constituée de quatre grandes salles superposées et recouvertes d’un toit en poivrière, mais son dernier étage, qui abritait la quatrième salle, fut détruit pendant la Fronde.
En 1651 cependant, à l’arrivée des troupes du roi Louis XIV menées par Henri de Lorraine, comte d’Harcourt, il s’enfuit rejoindre le Prince de Condé à Bordeaux, en laissant son lieutenant,de Besse, à la tête de quelques soldats réfugiés dans les tours. Pour les déloger, le marquis d'Estissac, fait miner les tours et ouvre le feu au canon. Le dernier étage de la tour Saint-Nicolas est bombardé et détruit, et les soldats se rendent juste avant que les troupes royales ne fassent sauter la tour de la Lanterne. Le lieutenant de Besse est trahi par ses propres soldats qui le précipitent du haut du parapet de la tour Saint-Nicolas le 29 novembre 1651. Bien que cela soit demandé par la ville, le roi refuse de faire démolir la tour et l’incorpore au domaine militaire.
De 1652 à 1659, la tour héberge les Compagnons charpentiers de marine de Hambourg, venus à La Rochelle pour monter un chantier naval.
En 1685, l’extérieur de l’édifice est restauré sommairement par Ferry, ingénieur du génie.
Le 17 février 1879, les tours de La Rochelle sont classées monument historique par décret. L’architecte Juste Lisch restaure extérieurement la tour et la dote créneaux et de mâchicoulisentre 1884 et 1888, puis Albert Ballu procède à sa restauration intérieure de 1901 à 1904.
En raison du terrain marécageux, la tour repose sur un radier. Ce dernier est constitué de longs pieux de chêne de six mètres à sabot métallique enfoncés dans la vase et calés à l’aide de pierres, l’ensemble étant recouvert d’un quadrillage de poutres horizontales et faisant office de fondations.
Cependant, le poids de la tour et la nature meuble du terrain entraînèrent lors de sa construction une déstabilisation des fondations, et un important devers de l’édifice, de plus de vingt centimètres, en direction de l’Est. Cette inclinaison sera conservée lors de la restauration de la tour, de sorte que le sol présente aujourd’hui encore une inclinaison de l’ordre de 2 %, bien qu’il ait été surélevé de 50 cm par rapport au sol originel.
Elle est fortifiée par quatre tourelles semi-cylindriques engagées, décalées à 70° environ, et d’une tourelle rectangulaire, plus élevée que le reste du bâtiment et surmontée d’une tour carréeplus haute. Ces tourelles placées régulièrement à sa périphérie lui donnent une forme pentagonale.
La tour, qui est en position saillante par rapport aux deux côtés du rempart, forme un éperon à angle droit en direction de la mer, au Sud-Ouest.
La tour est particulièrement bien défendue. Fortifiée par des tourelles, elle est accompagnée d’un ouvrage à corne, surmontée d’un parapet en saillie décoré de trèfles et reposant sur un rang de consoles à trois renflements, qui est de surcroît doté de créneaux, de merlons, de mâchicoulis, et d’une bretèche. Ses murs sont percés de nombreuses archères. Elle est également équipée d’un corps de garde, et est isolée par un profond fossé.
A l'origine, la tour était isolée du reste de la ville par des zones marécageuses, mais suite à la construction du bastion du Gabut, elle fut rejointe par le tissu urbain de La Rochelle, qui vint s’étendre jusqu’à son pied.
La rampe d’accès, qui permet aujourd’hui d’accéder directement à la salle d’accueil au premier étage, n’existait pas à l’origine, et n’a été construite qu’en 1569.
L’entrée de la tour était située au rez-de-chaussée. Elle était constituée d’un passage étroit défendu par un assommoir et pouvant être fermé par une herse et deux portes, dont une basculante.
En 1569, l’entrée a été déplacée à l’étage supérieur, et munie d’un pont-levis à chaîne et contrepoids qui franchissait une courtine formant coupure et au fond de laquelle s’ouvre l’ancienne entrée.
Finalement, une rampe d’accès prenant appui sur la courtine et permettant d’accéder directement au premier étage a été construite en 1695.
( http://fr.wikipedia.org/wiki/Tour_Saint-Nicolas )
Photos mai 2010